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L’histoire slavo-bulgare

Chapitre I
DE L’UTILITÉ DE L’HISTOIRE

De Paisij de Hilendar

web

Mon cher lecteur qui es avide de tout savoir1, - connaître les choses qui arrivèrent jadis en ce monde, ainsi que ce que firent les habitants de la Terre, c’est non seulement chose utile, mais aussi fort nécessaire. Si tu prends l’habitude de lire souvent ces choses-là, tu t’enrichiras intellectuellement et tu ne seras plus dans l’embarras2 comme iceux qui ne savent que répondre aux jeunes enfants et aux gens très bornés quand, le cas échéant, on leur demande de raconter les choses qui arrivèrent autrefois en ce monde dans l’histoire ecclésiastique et laïque. Tu te sentirais on ne peut plus penaud de ne rien pouvoir répondre à ce sujet.

D’où pourras-tu tirer ce savoir, si ce n’est des écrits de ceux qui relatèrent ce qui fut accompli en ce monde, bien qu’ils n’eussent pas vécu longtemps, - car il n’est donné à personne de vivre longtemps -, mais qui ne composèrent pas moins ces écrits pour les siècles à venir. En effet, l’on ne saurait s’instruire soi-même, car les jours de la vie en ce monde sont comptés. L’on se doit donc de remédier à la brièveté de la vie pour enrichir sa pensée en lisant les chroniques anciennes, et en profitant de l’expérience accumulée par autrui.

Si tu veux rester assis à la maison et connaître le passé de tous les royaumes de ce monde sans avoir à faire de périple difficile et calamiteux, tout comme les événements qui eurent lieu et qui arrivent à présent, et réutiliser ce savoir pour la jouissance de l’esprit et pour en tirer profit pour toi-même, ainsi que pour en faire bénéficier les autres, lis donc l’histoire! Veux-tu voir, comme au théâtre, le jeu de ce monde, les changements et la chute de grands empires et d’empereurs, ainsi que leurs revers de fortune; voir comment des étrangers haut placés et fiers de leur communauté, tout comme des gens puissants et invincibles au combat, glorieux et honorés de tous, perdirent soudain leur pouvoir, se résignèrent, tombèrent, périrent et disparurent? Si oui, lis donc l’histoire, et quand icelle t’aura fait entrevoir la vanité de l’ici-bas, apprends donc à mépriser tout cela! Non seulement l’histoire offre à chacun l’usage de la raison afin qu’il dirigeât soi-même ou sa cour, mais elle l’offre aussi aux illustres souverains pour qu’ils exercent leur pouvoir comme il se doit. En effet, il faut que ces derniers sachent comment s’y prendre pour maintenir dans la crainte de Dieu les sujets que le Très-Haut leur a donnés, tout comme dans l’obéissance, le respect, le silence, la justice et la piété; comment maîtriser et éliminer les séditieux; comment tenir tête aux ennemis extérieurs, pour les vaincre au combat et conclure la paix. Regarde quelle utilité on peut tirer de l’histoire! C’est pour l’essentiel ce qu’a expliqué Basile, l’empereur d’Orient, à son fils Léon le Sage. Il l’exhortait en lui disant: "N’arrête jamais de lire l’histoire des Anciens, car tu y trouveras, sans te donner beaucoup de peine, ce que d’autres que toi mirent beaucoup de peine à trouver. Elle te permettra d’être au fait des vertus des bons et des crimes des méchants, car elle te fera connaître les vicissitudes de la vie tout comme les déconvenues auxquelles icelle nous expose; l’instabilité de la vie ici-bas; enfin la manière dont de grands Etats sont exposés au déclin. Tu verras et jugeras par toi-même à la vue des châtiments infligés aux méchants, comme de la récompense offerte à ceux qui sont bons. Garde-toi de ceux-là3!"

Les jugements4 de Dieu sont impénétrables, tout comme ses intentions pour diriger et le dessein qui préside à la conduite des royaumes du monde. Il sépare, modifie, transmet et, quand il le veut, il fait perdre, puis de nouveau rétablit. Parfois, nous avons comme l’impression qu’il ne nous chérit pas, qu’il se désintéresse totalement de nous, mais c’est faux. On peut apprendre dans les chroniques et les traités d’histoire des Juifs que, bien souvent, Il leur infligeait la captivité et la solitude. Pourtant, il les a derechef réunis et consolidés au sein d’un royaume, tout comme aujourd’hui on assiste à la ruine de l’Empire grec d’Orient et de l’empire bulgare. Et il nous semble que ce dernier ne fut pas laissé dans un état de déréliction totale; mais qui comprendra5 les desseins6 de Dieu, ou bien qui examinera ses conseils en cas qu’il rétablira et réunira derechef le troupeau dispersé ou qu’il remettra sur pied tous ceux qui ont été brisés? Cela, nul d’autre que Dieu avec ses saints jugements7 ne le sait.

 

 

NOTES:

1. Ljubomudrij, laissé ljubomădri par Dinekov, a le sens d’ "avide de savoir" en vx. bg. (Ivanova-Mirčeva et Davidov – Malăk rečnik na starobălgarskija ezik, Slovo, Veliko Tărnovo, 2001). Aujourd’hui, en russe et en bulgare, on dit ljuboznatelen (ljuboznatelĭny en russe). [back]

2. Neiskusenŭ est un russisme qui signifie "malhabile". [back]

3. C’est bien des méchants que le père voudrait que le fils se méfiât. Le démonstratif de proximité sihŭ n’est pas un possessif, cependant le sens du démonstratif n’est plus compris. [back]

4. A. Bončev (Rečnik na cărkovnoslavjanskija ezik, Sofija, Editions du Saint synode, 1986) donne comme traduction de sudĭby: opredelenija, zakoni; rešenija, prisădi. "Jugements" est fondé sur la dernière traduction possible. [back]

5. Dinekov garde la forme postigne qui n’a pourtant plus le sens de "comprendre" en bulgare moderne. [back]

6. Ivanova-Mirčeva et Angel Davidov donnent "pensée" comme premier sens de umŭ. Le mot n’a donc pas le sens d’ "esprit", comme en bulgare moderne. Une fois de plus, Dinekov a tort de ne pas traduire le mot, ce qui gêne la compréhension. [back]

7. A. Bončev (Rečnik na cărkovnoslavjanskija ezik, Sofija, Editions du Saint synode, 1986) donne comme traduction de sudĭby: opredelenija, zakoni; rešenija, prisădi. "Jugements" est fondé sur la dernière traduction possible. [back]

 

 

© Paisij de Hilendar
© Traduction et notes par Athanase Popov
© Traduction revue par le Professeur Jack Feuillet
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© E-magazine LiterNet, 15.10.2005, № 10 (71)