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LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE BULGARE - PASSÉ, TENDANCES, PERSPECTIVES

Dimitar Atanassov

web

À première vue, cela paraîtrait paradoxal - la vie culturelle en Bulgarie brille par autant d’intensité que la vie politique elle-même. En période de campane préélectorale les activités sont encore plus vives et soutenues. La raison en est, d’une part, la foire de printemps du livre au Palais de la Culture à Sofia, d’autre part, le programme culturel habituellement chargé des mois mars-juin. Cette dernière intervalle comprend les publications de livres et autres manifestations culturelles: rencontres-conversations, lectures culturelles, conférences scientifiques ou autres, ainsi que de nombreux forums nationaux ou internationaux, des concours littéraires et des revues. La rencontre annuelle des écrivains à Sofia, le concours annuel du roman de la corporation "Razvitié" (Développement), la remise des prix de l’Union des écrivains bulgares, les prix de littérature et d’édition "H. G. Danov" du Ministère de la Culture, les prix "Plovdiv" dans le domaine des arts, le forum national "Lecture à Plovdiv", le Festival du livre pour enfants à Sliven et, bien entendu, la remise des signes distinctifs et les manifestations qui les accompagnent, expriment toutes les nuances et les couleurs de la riche palette de la saison artistique en Bulgarie.

Un tableau plus véridique sur l’état de la littérature et de l’édition durant ces dernières années pourrait nous être fourni par une étude approfondie, disons, du Centre national du livre auprès du Ministère de la culture, ou par l’Association "Le livre bulgare". Le but de notre aperçu est autre - ce n’est qu’une tentative pour essayer de fixer les tendances et les processus dans ce domaine; voir aussi les thèmes qui animent les écrivains bulgares, les livres que publient les éditeurs et, en même temps, les livres que lit et achète le lecteur bulgare.

En dépit de différentes manifestations et de l’existence de quelques grandes maisons d’édition en province: "Hermès", "Jeannette 45" et "Letera" à Plovdiv, "Abagar" et "Slovo" à Véliko Tarnovo, "Ea" à Pleven, "Selecta" à Bourgas, "Slavena" à Varna..., l’édition et la centralisation de la littérature bulgare restent évidentes. En dehors des grandes maisons d’éditions, à Sofia sont concentrées, malgré leurs divisions, les sièges des Unions des écrivains bulgares: l’Union des écrivains avec Nikolaï Petev à sa tête, l’Association des écrivains bulgares dont le président est Mihaïl Nedeltchev, l’Union des écrivains indépendants avec son président Marine Kadiev, sans compter celles qui se créent maintenant. Les différentes associations locales sont attirées par celles du centre, tout en étant également divisées. Certaines parmi ces dernières sont fondées et concentrées autour des universités (Plovdiv, Véliko Tarnovo, Blagoevgrad), d’autres près des maisons d’éditions. La plupart possèdent leur propre publication: "Kil" à Varna, "Balgarski pissatel" à Bourgas, "Antimovski han" à Dobritch, un almanach intitulé "Svéta Gora" à Véliko Tarnovo, la revue "Outchast" à Stara Zagora, la revue "Progled" à Smolian. Or le plus souvent ces publications n’existent que portées à bout de bras par quelques enthousiastes dynamiques et qui, grâce à leur incroyable énergie, parviennent à durer. Peu bénéficient, hélas ! de l’aide des conseils municipaux. Résultat - elles font faillite. Manque toujours la tradition pour le Ministère de la Culture ou des fondations et autres programmes d’assurer la publication d’ouvrages sur l’art ou sur la littérature. À l’heure actuelle, cela se produit quelquefois - mettre en valeur une rubrique (le plus souvent il s’agit d’éditions soit-disant nationales au tirage entre 300 et 500 ex., alors que les éditions régionales n’ont aucune chance). L’aide est loin du compte. D’autre part, les grands moyens d’informations se trouvent également à Sofia. Si quelqu’un est invité dans le programme de Kevorq "Tous les dimanches" sur "Canal 1", ou bien dans la présentation à grand spectacle de Slavi Trifonov sur BTV, ou s’il est publié par le journal "Troud", alors c’est un grand écrivain ! D’ailleurs, depuis des années ce sont toujours les mêmes. Il s’agit des fameux auteurs "représentatifs" habitués de toutes les émissions et occupant celles du soir qui sont les plus regardées, distribuant leurs commentaires sur tous les problèmes, politiques avant tout.

En vérité, l’écrivain bulgare ne peut pas vivre de son talent. Peu des moyens d’information payent des honoraires. Parce qu’ils n’ont pas d’argent ! Par analogie, les éditeurs évitent de publier des livres d’auteurs bulgares, ces derniers les faisant perdre de l’argent. Conclusion: l’auteur est obligé de débourser de sa poche pour éditer son petit livre. La situation du marché au cours de ces quinze dernières années est telle que l’intérêt pour le livre bulgare a disparu. Les raisons ? Elles sont diverses et multiples. Le fait le plus frappant démontre un manque certain de politique de la part de l’Etat bulgare dans ce domaine. L’Etat ne fait strictement rien pour supprimer ou réduire la TVA sur le livre, il ne permet pas le vote d’une loi sur le mécénat ou sur le sponsoring. Si un homme d’affaires ou une société assure l’édition d’un livre, à la fin de l’année la somme avancée est imposée d’impôt. Résultat: personne n’a intérêt à le faire.

Reconnaissons tout de même que ces derniers temps on constate un certain regain d’intérêt pour le livre bulgare. D’après le classement pour 2004 de la chaîne de librairies "Hélicon", les trois nouveaux livres de Hristo Kaltchev: "Arrêtez l’envol du Faucon", "En attendant le cheik" et "Le syndrome de la meute" (Edition "Svetovit") occupent les premières places quant à la vente. Ils sont suivis par les livres de Guéorgui Danailov: "Pour Rousseau et les idiots de la ville. L’assassinat de Mozart" et "La maison au-delà du monde" (Edition "Abagar"), "Une drôle d’histoire bulgare" de Ivan Koulekov (Editions "Iztok-Zapad" et "Fakel"), «Niveau pour gens avancés » et "Mission à Londres" de Alek Popov, "Avant ma naissance et après ma mort" de Ivaïlo Petrov, "Récits sauvages" de Nikolaï Haïtov, "Un roman naturel" de Guéorgui Gospodinov, etc. Contre l’avis de la critique officielle qui qualifie les livres de Kaltchev de qualité médiocre, ils se vendent apparemment bien et le lecteur n’a que faire de l’avis de la critique. Cet écrivain est, et il continue à être un phénomène dans la littérature contemporaine bulgare. Depuis plus de dix ans ses "romans vulgaires" (d’après ses propres termes ) sur les activités de la maffia bulgare et de sa coalescence avec les nouveaux groupements politiques et financiers annonçant les futures victimes du monde contemporain souterrain politique, occupent les premières places des ventes. Il est clair que l’auteur a saisi le goût et les besoins du lecteur bulgare et jouit de son choix sans se poser la question si ses livres sont de la vraie littérature. La popularité de Ivan Koulekov en tant que présentateur contribue, sans conteste, à la vente de son livre, d’autant que celui-ci possède de vraies qualités artistiques aidé en plus par le talent du peintre Anri Koulev. Conteur agréable d’une langue riche et colorée et possédant un goût prononcé pour l’humour, l’écrivain Guéorgui Danailov réussit à fixer l’attention du lecteur. Les classiques Haïtov et Ivaïlo Petrov, décédé récemment, sont étudiés en classe fait qui soutient la vente de leurs œuvres. Alek Popov et Guéorgui Gospodinov représentent la génération qui s’est imposée par ses livres: Popov est traduit en Grande-Bretagne, Gospodinov en France. Les mêmes ont reçu des prix littéraires nationaux, fait qui n’est pas négligeable.

D’après le dernier classement de "Troud" pour mai, le roman "Les yeux" de Marko Sémov ("Hermès") dont la présentation a eu lieu au cours du dernier Salon du livre occupe la première place. Il évoque l’histoire d’un petit garçon aveugle qui, à l’aide de ses organes des sens arrive à se construire sa propre vision du monde. Grâce à une opération réussie il retrouve la vue et comprend beaucoup de choses que les voyants ne voient pas. De là, un abîme se crée entre sa propre compréhension et celle des autres sur la morale, le bien et le beau.

Parmi les livres qui ne sont ni littérature ni poésies, et qui ont le plus fort tirage signalons (d’après "Hélicon"), ceux consacrés aux voyants, guérisseurs, ésotérisme. Citons une femme écrivain - Kapka Guéorguieva - qui manifeste sa préférence pour ce genre de sujets. Ses deux livres: "Véra - mission phénomène" et "Vanga, de la famille des maudits" (Vanga est une célèbre voyante bulgare décédée il y a plusieurs années, N. du T.), sont édités par "Boomerang BG". Nous retrouvons de nouveau Guéorgui Danaïlov avec cette fois "Un livre gai sur le peuple bulgare" ("Abagar"), suivi par le présentateur à scandales de l’émission "Ataka" et actuel député Volen Sidérov avec: "Le pouvoir du Diable. Qui et comment vole notre argent" (édités toujours par "Boomerang BG"). Plus loin Grigor Lilov avec "Les Bulgares les plus riches" ("Slantzé), les livres de Tocho Tochev, rédacteur en chef du journal "Troud" (le plus fort tirage): "Le mensonge: Jean, Ivan et Sa Majesté" et "Le mensonge: Jean, Ivan et les autres" (Edition "Troud »). Marko Sémov, de nouveau, avec: "Lettres sur la Bulgarie: livre sur la patience des Bulgares" (édité toujours par "Hermès"). Enfin édités et réédités, les livres du Maître Petar Danov se vendent toujours aussi bien.

Sans être parmi les plus recherchés, un certain nombre d’auteurs ont été confirmés au cours de ces quinze dernières années, certains même avant 1989. Dans le domaine du roman il faut citer Vladimir Zarev, Antcho Kaloianov, Alexandre Tomov, Alek Popov, Guéorgui Gospodinov, Zdravka Evtimova, Kosta Andreev, Zlatomir Zlatanov. Parmi la jeune génération se sont manifestés en tant que meilleurs maîtres du récit Déian Enev et Emile Andreev; parmi les poètes: Plamen Doïnov, Boyko Lambovski, Mirela Ivanova, Valeri Stankov et Guéorgui Gospodinov. Ont reçu une reconnaissance attendue Kosta Pavlov, Nikolaï Kantchev et Kiril Kadiiski. Quant à Stéphane Tzanev, Nedialko Iordanov et Lubomir Levtchev, ils sont parmi les plus chanceux à s’imposer même dans la situation politique de nos jours. Sans être peut-être aussi populaires qu’avant la démocratie, on ne peut pas nier qu’ils ont leurs lecteurs auxquels ils présentent de nouveaux sujets.

La remise annuelle des prix, même si elle est relative, nous fournit une image approximative de la vie littéraire. Le plus prestigieux pour le roman bulgare (pour l’instant), celui de la fondation "Vik" d’un montant de 10.000 lévas (5.000 euros environ, N. du T.) a été décerné pour la première fois en 2004, l’année de sa fondation. Suivent par leur prestige le prix "Hélicon" (5.000 lévas), ensuite le concours annuel pour le roman de la corporation "Razvitié" (2.000 lévas), le prix "H. G. Danov" du Ministère de la Culture (1.000 lévas), le prix d’encouragement pour un débutant "Printemps du Sud" (de la ville de Haskovo, 1.000 lévas), les prix de l’Union des écrivains bulgares, etc. La plupart de ces prix sont décernés pour des livres déjà publiés, la corporation "Razvitié" distinguant un manuscrit assuré de publication.

Le fondateur du prix "Vic" Edouard Vic est traducteur et homme d’affaires. Son idée est de faire revivre l’intérêt du lecteur pour la littérature bulgare, d’encourager les écrivains et de réunir les cercles littéraires autour de ces efforts. Le prix assure la traduction en anglais du livre. L’expression financière en est considérable - elle représente 30 payes mensuelles moyennes assurées par "Vick Translations EVS Bulgaria", la compagnie de traduction internationale du fondateur. Au cours de l’année dernière a eu lieu la première remise du prix pour l’année 2003. Six œuvres ont été remarqués: "Férodo" de Dimitar Choumnaliev, "Oh ! mon amour" de Ivan Golev, "Elada Pinio et le temps" de Kérana Anguélova, "La défaite" de Konstantin Iliev, "L’exécuteur" de Stéphane Kissiov et "Autopie: une autre voie vers l’enfer" de Hristo Karastoyanov. Les noms des auteurs remarqués ont été signalés à l’occasion d’autres remises de prix, preuve de leur valeur littéraire. Le grand prix a été décerné à Stéphane Kissiov pour son roman "L’exécuteur" ("Jeannette 45"), alors que Kérana Anguélova avec "Elada Pinio et le temps" ("Atelier AB") a réuni le plus grand nombre de voix de lecteurs en méritant le prix du public (1.000 lévas). Le prix de "L’exécuteur" s’est distingué par une situation étrange - pas un seul article ne l’a annoncé. Plus tard le journal "Koultoura" a réagi par l’intermédiaire d’un jeune écrivain débutant, ce qui ne change pas grand-chose à la situation. Tous les moyens d’information écrivaient et parlaient du prix, or personne n’a osé se prononcer sur la valeur du livre.

Indifférents aux prix sont restés des œuvres valables comme le roman "Le Neuvième" de Iantcho Kaloianov, chose qui a nourri la rumeur sur des arrangements avec les membres du jury. Est-ce la raison du changement de la composition du jury cette année ? La première sélection a déjà été faite: 38 romans publiés en 2004. Ont été remarqués "Adieu Shanghai" de Anghel Vaguenstein ("Kolibri"), "La proie" de Guéorgui Grozdev ("Balkani"), "Le mur de verre" de Emile Andreev ("Iztok-Zapad"), "Le monde à l’envers" de Atanas Nakovski ("Biblioteka 48"), "Une encyclopédie des mystères  de poche» de l’écrivain débutant Milen Rouskov et "La saison de chasse des chiennes sauvages" de Roder George, pseudonyme de Daniel Apostolov ("Lik"). Dans ce groupe se détache la présence de Vaguenstein dont les romans "Le Pentateuque d’Isaak" et "Loin de Tolède" font partie de la trilogie consacrée au sort des juifs européens au cours de la Deuxième guerre mondiale. En dehors de la Bulgarie, leur publication en France, en Allemagne et en Russie a été accompagnée par une grande publicité diffusée par les moyens d’information. En 2002, "Loin de Tolède" a reçu le prix annuel de l’Union des écrivains bulgares ainsi que le prix de la Sorbonne "Alberto Benvenist". Le troisième roman de la trilogie, paru en même temps en Bulgarie et en France s’appelle "Adieu Shanghai". Un autre écrivain bulgare, Milen Rouskov, a reçu le prix "Printemps du Sud", de la ville de Haskovo, alors que "La proie" de l’écrivain et éditeur Grozdev a été publié en serbe. N’ont été remarqués "L’automne du premier" de Kosta Andreev et, naturellement, les trois romans les plus vendus de Hristo Kaltchev. Ne soyons pas pressés pourtant, la remise du prix aura lieu le 1 novembre, jour de la fête des Eveilleurs nationaux.

Le prix "Hélicon" a été décerné à l’occasion de la Foire de Noël à Deian Enev pour son recueil de récits intitulé"Dieu, aie pitié de nous" ("Jeannette 45"). Enev, âgé de 44 ans, fait partie de la génération relativement jeune, et il raffole de formes d’œuvres brèves. Il se fit remarquer au cours de cette dernière quinzaine d’années comme le premier dans ce genre, et a reçu d’autres prix: le prix de la maison d’édition "Hristo Botev" pour "Chasseur d’hommes" (1994), le prix national "H. G. Danov" et le prix annuel de l’Union des écrivains bulgares pour "Pile et Face" (2000). Le prix "Hélicon" pour 2002 a été attribué àKonstantin Iliev pour "La défaite" ("Jeannette 45"), alors que le prix pour 2003 a été décerné à Alek Popov pour "Niveau pour gens avancés" ("Zvezdan"). Pour 2004 ont été nominés Dimitar Choumnaliev pour "Ferodo", Kristine Dimitrova pour "Amour et mort sous les poiriers sauvages", Vaguenstein pour "Adien Shanghai", Guéorgui Danaïlov pour "Un livre gai sur le peuple bulgare", Ivan Golev pour "Oh ! amour !", Emile Andreev pour "Le mur de verre". La nomination répétitive de certains auteurs est due à la façon de remettre les prix - la Fondation "Vik" compte le temps de décembre à décembre, alors que "Hélicon" - de mai à mai. Les nouveaux nominés pour "Hélicon" sont: Ivan Golev pour son roman "Dany", considéré comme un roman à scandales écrit sans retenue; Radoslav Parouchev pour "Ne sois jamais malheureux" de la série "Littérature rapide" ("Jeannette 45") . La présentation du dernier roman de cet auteur intitulé "Poursuite" (édité toujours par "Jeannette 45") eut lieu au cours de la Foire de printemps. Signalons le journaliste Bogdan Roussev et ses "12 contes de Bélégast", Ivo Bérov, un autre journaliste, pour son roman "La fée de béton" développant l’idée de "chercher la femme", la maîtresse du roman policier bulgare Maria Stankova avec son nouveau livre "Baby menteuse. Récits sombres"; Momtchil Nikolov avec "Hash Oil" - un roman gai, frais et désespérément actuel. Ce prix sera décerné pendant la Foire du livre de Noël. À Sofia ont été annoncés les résultats du concours et remis les prix pour le nouveau roman bulgare de la corporation "Razvitié". Le grand prix a été partagé cette année entre "Les refuges impossibles de la poésie" de Edvin Sougarev, "Les Mères" de Téodora Dimova et "Uplugged" de Maïa Bikovska. Les nouveaux noms attirant l’attention sont le poète Sougarev qui, d’après le jury fait un bon début dans le roman, et Bikovska. Alors que Téodora Dimova, fille de l’écrivain Dimitar Dimov, qui a fait beaucoup de bruit et qui a débuté avec succès avec son roman "Eminé" ("Jeannette 45") a reçu les compliments d’encouragement. Le concours de la corporation "Razvitié", qui jouit d’une grande renommée et dont les débuts remontent à 1997, a reçu au cours des six années plus de 400 manuscrits. Il nous permet de saisir les tendances contemporaines dans le roman comme les recherches et les questions qu’il pose - tradition et modernisme y cohabitent. Parmi les auteurs distingués rappelons Zdravka Dimova, Vladimir Zarev, Guéorgui Gospodinov, Kosta Radev, Evgueni Kouzmanov, Hristo Karastoyanov...

Par tradition l’association "Le livre bulgare" décerne son grand prix "Lion de bronze" (1.000 lévas) aux maisons d’édition ayant contribué à la meilleure présentation d’auteurs bulgares. Au cours de la Foire de printemps, cette année le grand prix a été attribué à "Kolibri" pour les livres "Temps intermédiaire" de Ivan Iltchev, "Histoire du cinéma", t. 2, de Téodore Andreikov, "Théorie de la littérature" de E. Pantcheva, A. Litcheva, M. Ianakieva; un prix spécial à la maison d’édition "Jeannette" pour "La ville, ou entre l’Est et l’Ouest" de l’écrivain de Plovdiv Iordan Veltchev ainsi que "Contes sur Nil, Pagane et Biiana" de Sevda Sevan - pour la forme et la présentation artistique. De plus, le même livre a été remarqué comme le meilleur dans le domaine des livres pour enfants.

Les maisons d’éditions qui ont présenté, pendant la Foire du livre de printemps, le plus grand nombre de livres d’auteurs bulgares furent "Jeannette 45" - 11 nouveaux titres (il faut rappeler ici les romans des débutants Maria Radoulova avec "Promenades d’accompagnement" et Olia Stoyanova ("Géographies personnelles" de la série "Gambites"), le recueil de Zdravka Evtimova "Sang de taupe", le roman "Poursuite" de Radoslav Parouchev, les recueils de poésies "Vestibule" de Stanka Pentcheva et "Le temps devant nous" de Parvan Stéfanov ("Hermes"), le roman-grotesque "Homo-la ferme" du peintre-animateur Slav Bakalov, le roman "Les Yeux" de Marko Sémov et le talentueux et particulièrement productif tout dernièrement écrivain de Yambol Hristo Karastoyanov pour sa dernière œuvre "Conséquences". Il est certain qu’au moins les deux derniers livres, ceux de Evtimova et de Karastoyanov compteront l’année prochaine dans la distribution de la plupart des prix. Dans le domaine des mémoires une attention particulière a été portée aux livres-confessions: "Histoires intimes" de Véra Moutaftchieva ("Anoubis"), "Les mémoires" à scandales de l’historien Nikolaï Guentchev et les encore plus scandaleux "Journaux d’un écrivain-dissident" de Iordan Valtchev, un homme particulièrement original et hors du commun en tant que conteur ("Slovo").

Le prix prestigieux du nom de H. G. Danov est attribué tous les ans par le Ministère de la culture et le Centre national du livre. La remise traditionnelle a lieu dans la maison du titulaire située dans le vieux Plovdiv, pendant le forum "Lecture à Plovdiv", en juin. Le prix de littérature pour 2004 est décerné au poète Ivan Téofilov pour son recueil de poèmes "Infinitif" ("Jeannette 45"); l’écrivain Ludmile Stanev et le peintre Krassimir Dobrev reçoivent le prix pour enfants pour leur livre "Petit conte de nuit" ("Atelier 89"). La première fois un site électronique - LiterNet - , le plus important de littérature, a reçu une distinction.

La comparaison entre la littérature bulgare et celle traduite d’autres langues n’avantage nullement la première - ni par le nombre des titres ni par les résultats des ventes. L’écrivain bulgare le plus vendu - Hristo Kaltchev avec "Arrêtez l’envol du Faucon" occupe en 2004 à peine la 19ème place. Le classement général (tous genres confondus) indique que les premières places sont prises par Mirzacrime Norbekov (trois des dix premières), Ernst Maldachev occupe de même trois places, dans le même groupe. Les autres titres sont: "Les records de Guiness", bien entendu "The Da Vinci Code" de Dan Brown et "Garde de nuit: Histoires du monde du Disque" de Teri Pratchet. Un seul écrivain bulgare, Kapka Guéorguieva, occupe la cinquième place avec "Véra - mission phénomène ("Boomerang BG"). Écrit sur la voyante Véra Kotchovska, ce livre se rapproche de l’ésotérisme de Norbekov et Mouldachev. Le classement n’est nullement en faveur de la littérature bulgare ni en faveur des lecteurs. Or c’est le tableau, et nous n’y pouvons rien.

S’il ne fallait prendre en compte que les romans et la poésie en nous basant sur le classement de "Hélicon" pour le mois de mai 2005, nous nous rendrons compte que les quatre premières places sont occupées par Dan Brown avec ses ouvrages: "Deception Point" ("Bard") 2003, "The Da Vinci Code» ("Bard") 2003, "Angels et Demons» ("Bard") 2003, "Digital Fortress" ("Bard") 2004, et par Paulo Coelho avec "O Zahir" ("Obsidian") 2005, "Le démon et mademoiselle Prym" ("Obsidian") 2005 et la nouvelle édition de "L’Alchimiste" ("Obsidian") 2005. Bénéficient également d’une bonne vente les livres de John Grisham: "The Broker" ("Obsidian") 2005, "The Demon and Miss Prim"; ceux de Ian Caldwel: "The Rule of Four" ("Bard", 2005); Robert Ludlum et Patrick Larkin - "La vengeance de Lazare" ("Prozoretz", 2005), "Patagonia express" de Luis Supelveda ("Hermes », 2005). Il devient clair que "Harry Potter et l’ordre du Fenix" de Joanne Rowling qui en 2003 occupait l’une des premières places, aujourd’hui n’est qu’à la 101ème place.

Mise à part les classements, voyons quels sont les livres étrangers qui intéressent le plus les éditeurs bulgares. Le professeur Vladko Mourdarov de l’Institut de la langue bulgare auprès de l’Académie de sciences a reçu le grand prix "H. G. Danov" en tant que traducteur d’écrivains allemands, autrichiens, suisses; Frank Wedekind, Robert Musil, Thomas Hürlimann, Artur Schnitzler, etc., publiés avant tout par la maison d’édition de Plovdiv "Pygmalion". La traductrice la plus cotée ces dernières années est Iglika Vassileva pour sa traduction de "L’Odyssée" de Joys, elle a également traduit des œuvres Henri Dzhejms, Virdzhinia Ulf, Uolt Uitmyn, Pol Ostyr. Il se trouve que les livres de poésie de langue anglaise sont le moins souvent traduits en bulgare. La raison sans doute réside dans le fait qu’il est très difficile de traduire de la poésie anglaise et que le nombre de bons traducteurs est limité. Il faut pourtant souligner le succès de Christine Dimitrova avec sa traduction de "The Anagram" de John Donne ("Obsidian") et de celui de Katia Mitova avec "Un pas avant le crépuscule" et "Le port sombre" du poète américain Marc Strand ("Ab").

Il est intéressant de noter que la littérature russe revient d’une manière de plus en plus fréquente sur le marché du livre bulgare. C’est le domaine de quelques traducteurs scolaires comme Andrei Andreev ("Poésies choisies") de Belmont , Stéphane Tsanev ("Le treizième apôtre") de Maiakovski, Kiril Kadiiski ("Choix" de Ivan Bounine, sous le titre "Chute de feuilles et autres poèmes"), Ivanko Nikolov ("Je suis appelé par le verbe de la vie" et"Fils de chien") de Serguei Essenine, etc. Et aussi d’autres traductions de Bella Ahmadoulina, Vladimir Vissotski comme les contemporains Alexandre Ananitchev, Vladimir Bouritch, Natalia Ermenkova. Les maisons d’édition "Jeannette" et "Fakel" ont présenté à la Foire de printemps la série "Nouvelle Prose" comprenant "La Crimée" de Vassilii Axionov, "La réserve. L’Etrangère" de Serguei Dovlatov, "L’Encyclopédie de l’âme humaine" de Victor Erofeev, etc.

Les traductions de Kiril Kadiiski d’Alain Bosquet et de Blaise Cendrars sont considérées comme une contribution et un succès pour la littérature traduite en bulgare. Dans les librairies et les salons du livre le lecteur averti peut trouver également des traductions de Pierre Bourlage ("L’immortelle" - "Legay artiste", 2000), de Laure Murat ("La clinique du Dr Blanche", "Méridiani, 2003), Henri Troyat: "Emotions: La fin de la famille Eglaytière" - "Zaharie Stoyanov", 2001, de Boris Vian: "Prends garde à l’orchestre !" - ("Fama", 2004), Guillaume Apollinaire: "L’ombre perdue" - ("Fama", 2000). Deux initiatives des maisons d’édition méritent d’être signalées: Les éditions "Zaharie Stoyanov" dans leur série "Chefs d’œuvres" ont prévu la publication d’œuvres de Zola, Balzac, Maupassant, Flaubert, Stendhal; de son côté dans sa nouvelle série "Collection d’or du XXIème siécle" la maison d’édition "Troud" a publié cette année "L’Amant" de Marguerite Duras, "Un amour de Suan" de Marcel Proust et "La nausée" de Jean-Paul Sartre.

Cette année la présence des littératures portugaise, espagnole, allemande, hongroise à la Foire de printemps du livre pourrait être considérée comme importante. Soulignons les noms des traducteurs affirmés: Krastio Stanichev, Vélizar Bonev, Rada Pantchovska, Pavel Borjoukov, Alexandre Milanov, Nino Nikolov.

Cette vue d’ensemble ne serait pas complète si elle ne parlait pas de la littérature pour enfants et de ses tendances. Il est heureux qu’un festival devenu traditionnel sur la littérature pour enfants soit organisé tous les ans (sa septième édition a eu lieu cette année dans la ville de Sliven). Le prix "Konstantin Konstantinov" attribué pour la plus constante présence dans ce domaine a été décerné aux maisons d’éditions de Plovdiv "Hermès" et "Jeannette 45". Tous les ans paraissent dans le pays entre 5.000 et 6.000 livres dont 300 à 500 pour enfants: en pourcentage, cela représente entre 6 et 8%. Une légère diminution des livres pour enfants a été observée, en titres surtout. Par contre, la part de la littérature scientifique augmente: 30 à 40% contre 60 à 70% en faveur des romans et de la poésie. Les livres les plus publiés pour enfants comprennent des contes et des légendes suivis de romans, poésies pour enfants, fables, charades, nouvelles ou récits. Aussi, des romans qui traitent les sujets de la tolérance religieuse et ethnique, l’injustice sociale ou la vie des enfants dont les parents sont divorcés. Les romans d’imagination reçoivent aussi un bon accueil.

Quant à la littérature pour enfants de langue étrangère traduite en bulgare, la première place est occupée par la littérature anglaise suivie par celle de langues allemande, française, espagnole, italienne, russe. En pourcentage, la moitié des livres pour enfants sont de langue bulgare, l’autre moitié, traduits. Une différence sensible avec les livres pour adultes où les livres traduits prédominent. Quant aux éditions d’encyclopédies elles se signalent par leur richesse et par leur variété: adaptation d’éditions anglaises ou françaises avant tout, la première place étant occupée par la maison "Larousse". Les maisons d’éditions bulgares "Hermès", "Zlatnoto Paté", "Slantzé" ou "ICON" s’y manifestent en imposant leurs propres séries de qualité et une riche variété de titres. Signalons "l’Encyclopédie illustrée", "Apprenons davantage sur le corps humain", "l’Atlas du monde illustré", "l’Atlas du monde des animaux"..., édités par "Hermès"; "Ton monde: Univers et préhistoire" ("ICON"), "Ma première encyclopédie "Larousse" ("Slantzé"), "Une grande encyclopédie pour enfants" et "Le monde dans lequel nous vivons" publié par "Fut"; "Encyclopédie sur la Bulgarie pour enfants" de Galina Zlatina et Petar Kardjilov ("Zlatnoto Paté"), etc. Très populaires sont également les livres des séries "Zlatno Péro" ("Hermès"), "Les éternels romans pour enfants" et "Les classiques bulgares pour enfants" ("Pan"), "Chapelet d’or" ("Fut"), d’autres encore.

La tendance la plus positive (valable pour la littérature pour adultes également) nous renseigne que les éditeurs bulgares publient aussi vite que possible les grands succès mondiaux en littérature afin de répondre aux goûts actuels du lecteur.

 

 

SOURCES

1. Iordan Evtimov. Le marché du livre comme un marché. Les livres les plus vendus en 2004, d’après la chaîne de librairies "Hélicon". // LiterNet, 07.01.2005, ¹ 1 (62) <https://liternet.bg/publish/yeftimov/helikon_2004.htm> (30.09.2005).

2. Vladimir Trendafilov. Le rêve donne naissance aux manques: Revue de la poésie traduite 2000-2003. // LiterNet, 23.10.2004, ¹ 10 (59) <https://liternet.bg/publish8/vtrendafilov/obzor.htm> (11.09.2005).

3. Miléna Milanova. Les livres pour enfants au cours des dix dernières années (Analyse bibliomètrique); La littérature pour enfants de nos jours et de ses lecteurs - tendances, problèmes, perspectives. Sliven: Jajda, 2005.

4. Vénéra Atanassova. "La littérature contemporaine pour enfants et ses lecteurs - tendances, risques, provocations pour l’éditeur; La littérature pour enfants et ses lecteurs: tendances, problèmes, perspectives. Sliven: Jajda, 2005.

 

 

© Dimitar Atanassov
© Tontcho Karaboulkov, traduit du bulgare
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© E-magazine LiterNet, 30.09.2005, ¹ 9 (70)

Revue periodique, ¹ 28, 2005.