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L’histoire slavo-bulgare

Chapitre IV
SOIS ATTENTIF ICI, CHER LECTEUR, - NOUS ALLONS ÉVOQUER LES ROIS SERBES EN BREF

De Paisij de Hilendar

web

Simeon Nemanja1 fut le premier souverain qu’oncques la Serbie eût connu. La lignée royale et l’orthodoxie en Serbie commencèrent avec lui. Les rois serbes furent de lignée latine, et non pas serbe. Ils étaient originaires du cap Lacinion, et prenaient femme auprès d’autres rois et empereurs: ils n’avaient bien entendu ni héritiers mâles, ni progéniture femelle de lignée serbe. Le župan2 Nemanja devint moine, il alla au Mont Athos, où il fit construire le monastère de Hilendar, et où il expira. De ses reliques s’écoula du saint chrême aux vertus curatives.

Après le župan Nemanja, son fils Etienne devint le premier roi serbe. Lui aussi devint moine peu avant sa mort, et ses reliques sont conservées intactes à Studenica encore de nos jours. Il avait trois fils: Radoslav3 devint roi le premier. Son frère Vladislav4 le déposa. Radoslav se fit alors moine et expira en paix. Vladislav devint roi. Avant que de mourir, lui aussi se fit moine, et il fut enterré au Monastère de Miloševo. Leur frère Uroš5 devint lui aussi roi de Serbie.

Quelque temps après, Dragutin6, le fils d’Uroš, s’insurgea contre son père et le chassa du trône, afin de devenir roi à son tour. Quelque temps après, il se repentit, céda le trône à son frère Milutin7 et passa les derniers jours de sa vie dans une insigne contrition. Ses reliques, intactes jusqu’à présent, sont conservées à Sofija, mais les Sofiotes pensent et disent qu’il s’agit des reliques du roi Milutin, or c’est faux. En effet, on lit sa pieuse légende lors de la fête du roi Dragutin, dont le nom de moine était Theoktist.

Au moment de mourir, Milutin n’était pas moine. [Les Sofiotes] n’ont pas lu la généalogie des rois serbes, et ne voient pas bien duquel d’entre eux il s’agit exactement. [En effet], c’est Dragutin qui gît à Sofija, et non point Milutin. Leurs offices et leurs fêtes se dédoublent, mais Milutin y est mentionné en premier, et il y est davantage célébré. De ce fait, d’aucuns ont cru qu’il s’agissait de Milutin, car ils ne prêtent guère d’attention au contenu du ménologe.

Milutin gît à Banja Luka: ses reliques furent enfouies au cours d’un affrontement, et elles sont restées sous terre à l’insu des gens d’aujourd’hui. Dragutin fut transporté de la Syrmie à Sofija. Milutin fut roi après Dragutin. Il régna pendant 40 années, et fut le plus glorieux et magnanime saint roi. Il agrandit les terres serbes, conquit moult territoires grecs et fit construire moult monastères et églises. Aucun autre roi serbe n’était en mesure de rivaliser avec lui en gloire, piété et ferveur envers Dieu.

Après Milutin, Etienne8, le fils de ce dernier, succéda au trône de son père. Il voulait déjà devenir roi du vivant de ce dernier, de telle sorte qu’il leva une armée et déclara la guerre à son père, mais Milutin l’appela par ruse à ses côtés, l’attrapa, lui creva les yeux et le bannit à Constantinople. Quelque temps après, saint Nikola lui rendit la vue, et Etienne devint roi de Serbie et mena une vie sainte, pieuse et juste. Puis, le fils d’Etienne, répondant également au nom d’Etienne9, s’insurgea contre son père et le fit pendre. Ainsi, le père mourut en martyr. Ses reliques, restées intactes et impérissables jusqu’à nos jours, sont conservées à Dečani, où elles accomplissent moult miracles.

Ainsi, cet Etienne-là, son fils, qui avait mis à mort son père, n’en devint pas moins roi et saint homme. Notre Etienne partit [pour se battre] contre les Grecs et enleva Thessalonique et Ohrid au roi10 bulgare. Mais à Thessalonique, il conclut la paix avec les Grecs et leur rendit quelques villes. Il revint à Ohrid et prit toute la famille royale avec lui: le père de Vukašin et Vukašin en personne11 - le père de Marko. Ce roi Vukašin et Marko Kraljeviik12 furent gens sages, vaillants et bien faits de leur personne. Ce qui fait que Stéphane s’étonna de leur prestance, de leur intelligence et de leur vaillance. Il les prit avec lui en Serbie et fit de Vukašin son premier bras droit, et du prince Lazar13 son deuxième bras droit. Ce furent là les premiers gentilshommes d’Etienne.

Cet Etienne devint roi à Skopje de façon arbitraire: nul empereur, nul roi ne lui attribua le titre d’empereur. Ainsi, il nomma un patriarche pour les Serbes sans avoir reçu l’autorisation des quatre autres patriarches. Auparavant, les Serbes avaient un roi et un patriarche, mais Etienne, de son propre chef et à la mesure de son arrogance, adopta de grands titres - ceux d’empereur et de patriarche. Tous les rois et empereurs le raillaient pour cette folie qui était la sienne et l’appelèrent le Violent, car il tua d’abord son père, pour ensuite s’autoproclamer roi. De même, il nomma illégitimement un patriarche pour les Serbes. Les quatre patriarches le maudirent et l’excommunièrent d’une seule voix. Ainsi, de par son arrogance et pour avoir assassiné son père, Etienne s’attira la malédiction des patriarches et la colère de Dieu. Sa cour disparut, et la souche et la lignée des Nemanja Simeon avec elle. Cet Etienne s’autoproclama empereur, ruina le royaume des Serbes et mourut alors qu’il était frappé de la malédiction et de l’excommunication dont il vient d’être question.

Mais certains Serbes, semblables à lui à cause de leur arrogance, dissimulent ses actes et son nom d’Etienne le Violent. Ils l’appellent Etienne le Fort et le prennent pour un saint, pour avoir assassiné son père et expiré alors qu’il était frappé de la malédiction et de l’excommunication. Sans compter qu’il fut celui qui mit fin à la famille et à la lignée des Nemanja Simeon. Cela, ils n’en tenaient aucun compte, pas plus qu’ils ne le font maintenant, pourtant ils vantent Etienne Dušan plus qu’ils ne vantent leurs saints rois: ils l’ont davantage porté aux nues qu’ils ne l’ont fait pour son grand-père Milutin, en lui attribuant toute la gloire et tous les exploits14 des Serbes. Quelque philosophe latin coucha par écrit des paraboles et des titres populaires. Il représenta, sous la forme d’une parabole, l’ensemble des peuples et des noms de lieux et de pays, autant qu’il y en avait en Europe. Les Serbes trouvèrent cela et l’attribuèrent aussitôt à Etienne le Violent, l’imprimèrent et l’affichèrent15, à croire qu’Etienne eût assujetti et dominé toutes ces terres16 et tous ces peuples. Ils l’écrivirent de manière vraiment aussi arbitraire que cela: quiconque avait eu vent, par sa grand-mère, de quelque fait concernant Etienne, ce même fait était aussitôt consigné par écrit à propos d’Etienne. On ne consultait pas l’arbre généalogique pour comparer avec ce que les devanciers ont écrit sur lui, sur ses actes et sur l’étendue des terres qu’il possédait. A cela, ils ne firent guère attention, pas plus qu’ils n’y font attention maintenant, pourtant ils appellent Etienne le Fort. Mais la force de ce dernier fut de courte durée et tourna à son désavantage.

Pareillement, [les Serbes] imprimèrent un texte à propos de Constantin Šišman17, où ils lui firent des reproches, ainsi qu’à son fils Michel. Ils appelèrent Michel le fils du méchant empereur Šišman. Ce Constantin-là et son fils Michel prirent femme dans la cour des rois serbes, mais ils répudièrent chacun leur femme par la suite. C’est là la raison pour laquelle la haine s’installa entre Serbes et Bulgares. Et l’empereur Michel, le fils de Constantin, fut tué lors d’une guerre par le roi de Dečani. Les Serbes s’en montent fiers et adressent des reproches à la cour de Šišman, ainsi qu’aux Bulgares. Comme bilan de toutes leurs années de guerre, les Serbes n’auront guère su vaincre et tuer au combat plus qu’un empereur, et ils s’en vantent, et ils en ont tiré des récits épiques18. Alors que les Bulgares ont régné pendant tant d’années, et qu’ils ont su tuer tant d’empereurs, soumettre tant de césars, lesquels leur payèrent tribut à moult reprises, pourtant les Serbes ne leur ont dédié par écrit aucun récit, pas même un éloge, et ils ne leur témoignent guère d’égards, pour au contraire dénigrer Šišman et sa maison bulgare. Ils le font tous autant qu’ils sont, naguère comme aujourd’hui, alors qu’ils ne se gênent pas pour vanter leur Etienne le Violent, ni pour garder le secret sur son parricide. C’est pour cela que les rois serbes, ainsi que l’empereur Šišman, viennent d’être évoqués en bref. Dans les traités d’histoire des Bulgares, il n’est nulle part fait mention du fait que Constantin s’appelait en réalité Šišman. C’est ainsi que les Serbes l’appellent, et c’est sous ce nom qu’il figure dans leurs écrits.

A l’approche de sa mort, Etienne plaça Vukašin à la tête de sa maison et de son royaume. Ce Vukašin ne voulait pas du titre impérial d’Etienne et signait "empereur des Grecs et des Bulgares". De ce fait, la discorde s’était installée et Vukašin regrettait son royaume et son empire bulgare. Lui aussi était de la famille des empereurs bulgares, et il était un parent d’Elena, l’impératrice d’Etienne. Elena était la fille de l’empereur bulgare Smilec. Ce Vukašin tua Uroš19, le fils d’Etienne, et il devint l’empereur d’Ohrid et de la Serbie. Il revint à Ohrid et à Prilep, il y plaça les Serbes sous ses ordres et il devint le maître d’un grand nombre de domaines. [Les troupes du] prince Lazar20 restèrent le long du Danube, dans la Šumadija et sur la Morava, et il résista à Vukašin. De la sorte, en l’espace de quelques années, les terres serbes se scindèrent en deux. Et le sultan Murat envoya une armée contre le prince Lazar. Vukašin ne vint pas en aide au prince Lazar. Murat tua le prince Lazar au Kosovo, et il conquit son état en premier. Ensuite, le roi Vukašin attaqua les Turcs avec une armée, et il les traqua de la Serbie jusqu’à Andrinople, mais les Turcs se mirent derechef en guerre contre lui, et ils le firent reculer. Il fut tué par son serviteur le long de la Marica, près de Pazardžik. Marko avait commis quelque faute vis-à-vis de Vukašin, son père, et celui-ci voulait le tuer; mais Marko s’enfuit auprès du sultan turc à Andrinople.

Après le meurtre de Vukašin, l’empereur Bajazet nomma Marko petit pacha à Prilep et à Ohrid. Ce Bajazet, fils de Maria, la fille de l’empereur bulgare Alexandre, le fils de Constantin Šišman, aimait Marko Kralevik21 en raison de leurs affinités parentales, car il vient d’être dit qu’aussi bien Vukašin que Marko étaient du lignage de Constantin. Longtemps après, il y eut une autre Maria, une Serbe, qui était la femme d’un sultan turc: elle s’appelait Kalamarija, et elle était la fille du despote Džura. Enfin, seul était resté le fils du Prince Lazar, et il payait tribut aux Turcs et aux Magyars, et il avait quelques terres à la Syrmie et à Smederevo, et il se disait lui-même despote. Et près de mille ans s’écoulèrent de la sorte. Plus tard, les Turcs écrasèrent et assujettirent ces despotes serbes. Marko, le fils du roi Vukašin, resta longtemps à Prilep; il y édifia moult églises, et il y guerroya à de nombreuses reprises contre les Albanais. Le pays d’Ohrid se trouvait sous occupation turque, mais c’était Marko qui faisait la loi22. Des Turcs, il n’y en avait guère là-bas. Après, le sultan turc appela Marko pour faire la guerre en Valachie. Quand il vit des croix chrétiennes et des icônes devant l’armée valaque, il fondit en larmes et ne voulut en aucun cas se battre contre des chrétiens. Ainsi, Marko fut tué en Valachie, et les Turcs placèrent depuis, à la place de Marko, un pacha turc: on en trouve un jusqu’à nos jours.

Telle fut la fin des Serbes: et de Vukašin, et de Marko. Depuis Simeon Nemanja, le premier roi ou župan serbe, le royaume serbe se maintint durant 250 années jusqu’à Uroš, issu de la septième génération depuis Nemanja. Ainsi, leur royaume vint à son terme lors de la septième génération. Ils n’avaient point de villes, et l’on ignore leurs lieux de résidence. Ils édifièrent de beaux monastères et de belles églises, et ils montraient beaucoup d’ardeur dans la voie de la piété; c’est ce qui les rendit célèbres sur terre et devant Dieu. Leur royaume était petit, fort exigu, et il ne dura pas longtemps. Ensuite, cet Etienne enleva un peu de terre aux Grecs et aux Bulgares, mais ce royaume qui était le sien ne dura guère longtemps. Il assujettit le roi d’Ohrid et les Bulgares qui s’y trouvaient, et il signait "roi des Bulgares". Mais, peu de temps après, ces rois-là annihilèrent derechef son royaume, après quoi ils reprirent leur terre bulgare et l’Etat d’Etienne. Mais celui-ci passa entre les mains des Bulgares, et les Turcs l’enlevèrent aux Bulgares, c’est-à-dire à Vukašin, comme il vient d’être dit. Celui-ci aura été le dernier roi bulgaro-serbe à Ohrid.

Voilà ce qui vient d’être dit, cher lecteur, à propos des Serbes, des Bulgares, d’Etienne et de Šišman. C’est à cause de cela qu’il est des Serbes qui blâment les Bulgares: c’est la déraison qui leur fait croire qu’ils ont été plus glorieux au début que les Bulgares, en termes de royaume, armée et terres. Mais c’est faux. Tous les peuples de la terre connaissent les Bulgares et tous les traités d’histoire en témoignent: ils y figurent noir sur blanc. Sur les Serbes, nous n’avons aucun document écrit, pas plus que le moindre témoignage dans les traités d’histoire des Latins et des Grecs. [En effet], les Serbes se sont mis à écrire seulement à l’époque de Simeon Nemanja, et l’arbre généalogique de leurs rois, tout comme les légendes de leurs rois et de leurs saints, ne datent que de ce temps-là, et tout cela est en outre fort discordant. On trouve tant de livres sur leurs rois - dans tous ces livres, ils ont écrit des choses discordantes et contradictoires. Chacun y a écrit ce qui l’arrangeait ou ce qu’il avait entendu dire aux gens sots23. De ce fait, il est impossible de démêler dans leurs écrits contradictoires ce qui est juste et vrai de ce qui ne l’est pas. Jusqu’à nos jours, certains parmi eux composent des écrits et assemblent des histoires et des paroles vides de sens, alors qu’ils ne possèdent aucun témoignage originel sur leur peuple, comme c’est le cas pour les Bulgares, qui s’appuient sur les traités d’histoire grecs et latins.

 

 

NOTES:

1. Il s’agit d’Etienne Nemanja (1168-1196), à qui l’on donna le nom de Simeon lors de sa béatification. Son fils (1196 (1217)-1228) s’appelait Etienne [Stefan] comme lui. [back]

2. Il s’agit du titre que portaient les souverains serbes qui n’avaient pas le titre officiel de roi; sans doute l’équivalent de "boyard". [back]

3. Etienne Radoslav (1228-1234). [back]

4. Etienne Vladislav (1234-1243). [back]

5. Etienne Uroš I (1243-1276). [back]

6. Etienne Dragutin (1276-1282). [back]

7. Etienne Uroš II Milutin (1282-1321). [back]

8. Etienne Uroš III de Dečani (1321-1331). [back]

9. Il s’agit du célèbre roi Etienne Dušan (1331 (1345) - 1355). [back]

10. D’habitude, les rois serbes s’opposent aux empereurs bulgares, mais par endroits la différence du terme employé n’est pas maintenue. [back]

11. Appelé Vălkašin par les Bulgares. Etienne Dušan le nomma župan de Prilep en 1350. Entre 1365 et 1371, il a le titre de roi de Serbie. Il périt le 26 septembre 1371 dans la bataille de la Marica, près d’Andrinople, en combattant les armées ottomanes. Son fils Marko Kraljević lui succède. [back]

12. On reconnaît systématiquement, sous la plume de Paisij, les formes macédoniennes contemporaines des noms de personnages illustres. [back]

13. Resté célèbre pour avoir péri lors de la bataille de Kosovo polje (1371-1389). Son fils, le despote Etienne Lazarević (1389-1427) lui succède, mais en tant que vassal de l’Empire ottoman. [back]

14. Nous n’arrivons pas à identifier le sens du mot pričti, utilisé par Paisij dans tous les manuscrits (le manuscrit dit de Constantinople, prétendument dicté par l’auteur, et publié en 2003 par l’Université de Sofija, donne pričty). Il pourrait s’agir d’une faute commise par l’auteur, mais il est impossible de savoir ce qu’il en est. Dinekov propose la traduction "exploits"; Norbert Randow, lui, pense sans doute à une fausse métathèse, car sa traduction par Geschichten (histoires, événements) semble traduire pritči (paraboles). En russe, pričt (pluriel pričti) signifie "clergé", mais une telle interprétation n’aurait aucun sens dans notre contexte. Le lexicographe russe Dalĭ indique également un autre sens: "lamentation", lorsqu’on pleure un mort par exemple. Mais ce sens ne semble pas davantage convenir ici. Le doute pourra-t-il être levé? Plus grave encore, le même mot est employé à deux reprises plus loin, la dernière fois à l’instrumental (izobrazilŭ pričteju/pričtiju). Cette fois-ci, Dinekov traduit le même mot comme si nous avions pritča. Le fait que l’instrumental suive la déclinaison des féminins corrobore son hypothèse: dans le premier cas, nous aurions affaire à un masculin, et dans le deuxième et troisième, à un féminin, le pluriel de ces deux mots étant commun. Nous nous sentons contraints de suivre l’interprétation faite par Dinekov pour donner un sens au texte. [back]

15. Littéralement, "le montrent". Il semble absurde de passer soudain au présent. Nous restons donc au passé. [back]

16. Littéralement, "tous ces endroits". [back]

17. Il s’agit en réalité de Constantin Asen (1257-1277), le fils du gouverneur de Skopje Tih. Pour pouvoir continuer la dynastie des Asénides, il se remaria après avoir répudié sa première femme, afin d’épouser Irène (Paisij l’appelle Théodora), fille de Théodore II Laskaris et petite-fille de Joan Asen II. Šišman signifie gros, replet en turc. A ne pas confondre Constantin Asen, Mihail (Michel) Šišman (1323-1330) et Joan (Jean) Šišman (1371-1393, le dernier grand souverain bulgare, connu pour avoir pris part à la bataille de Kosovo polje aux côtés du prince serbe Lazar). Constantin Asen périt dans la bataille contre le porcher Ivajlo qui voulait s’emparer du trône bulgare. Les relations de parenté entre un souverain bulgare et le roi Milutin ou Dragoš se rapportent à ce Šišman et à son fils Mihail Šišman, que les Bulgares élirent comme tsar en 1323. Après la mort d’Irène (chez Paisij: Théodora) en 1268, Constantin Asen se maria l’année suivante avec Maria, la nièce de l’empereur Michel VIII Paléologue, dont il eut un fils nommé Michel. Par ce nom, homonyme de celui du futur tsar bulgare Michel Šišman, Paisij a été fourvoyé comme il l’a été par la chronologie fautive d’Orbini pour cette période. [back]

18. Il s’agit toujours du mot pričta/pričti qui nous pose un problème de traduction insoluble, car il nous est impossible de garder le même mot français partout. [back]

19. Etienne Uroš IV. [back]

20. 1371-1389. [back]

21. Paisij emploie la forme Kralevik, comme les Macédoniens d’aujourd’hui, et non pas Kralević, comme les Serbes. [back]

22. Pour les Serbes d’aujourd’hui, il ne fait aucun doute que Marko était un continuateur de la politique serbe, mais Krăstjo (serbisé en Krste) Misirkov, le père repenti du macédonisme contemporain, insiste sur le fait que les chants serbes sur Marko Kralević n’attestent pas la présence d’un lien affectif particulier chez les Serbes vis-à-vis du personnage légendaire en tant que personnage de l’histoire nationale serbe, et qu’un chant dalmate l’appelle même "héros national de la Bulgarie" (voir les ressources électroniques en ligne sur Misirkov: http://www.macedoniainfo.com/Krste_Misirkov1.htm). Pour Georges Castellan, cependant (La Macédoine: un pays inconnu., p. 45), en dépit de ses anciennes publications probulgares, Marko n’aurait aucun lien avec la tradition bulgare, puisque "depuis les années quarante du XIXème siècle, une conscience historique avait commencé à se manifester parmi les populations slaves se référant à Alexandre le Grand (...), mais aussi au roi Marko du XIVe siècle, en commun avec la tradition serbe" (mais pas bulgare!). [back]

23. Il nous semble que dans la langue de Paisij, qui est si imagée, prostŭ prend le sens de "sot", et non pas d’une "personne simple". Dans ce dernier sens, "simple" est fréquemment mélioratif en français, alors que ce n’est jamais le cas en bulgare, à cause du complexe d’infériorité des gens non-éduqués. [back]

 

 

© Paisij de Hilendar
© Traduction et notes par Athanase Popov
© Traduction revue par le Professeur Jack Feuillet
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© E-magazine LiterNet, 15.10.2005, ¹ 10 (71)