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LEVSKI

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Mon âme s'étrangle dans ce monastère.
Pour se repentir derrière ces murs austères
il faut bien oublier le monde des pêchés,
fuir le diable et gagner cette paix recherchée.
Ma conscience maintenant me parle autrement.
La noire soutane - bien triste vêtement -
ne me reconcilie en rien avec le ciel,
et quand dans le temple ma voix solennelle
fait un éloge à Dieu pour lui faire honneur,
je crois qu'il écoute ceux qui fondent en pleurs
dans ce vallon morne - insupportable vie -
ma prière se perd tel rêve inassouvi,
et Dieu courroucé se refuse à tendre l'oreille
à la liturgie et à nos chants de merveilles.

Je pense aux portes du paradis dont personne
N'a jamais vraiment su le lieu où elles donnent;
dans ma cellule d’où on ne voit pas l'azur
je pense au chemin ici-bas, plus court, plus sûr,
aux larmes si pures des veuves tout en pleurs,
à la sueur claire du simple laboureur,
aux bonnes paroles et а notre juste cause,
à la vraie justice - sainte et audacieuse,
à un coup de main en frère - humble geste aimable -
donné en cachette à un être misérable -
tout cela est plus cher au Créateur divin
que tous ces grands hymnes et éloges très vains.

Je pense que l'homme, ici-bas, sur la terre,
Peut sûrement trouver en chaque être humain un frère,
Ce à quoi tous les moines avec serment renoncent,
car leur Dieu une fin plus auguste annonce;
je pense que soutane et barbe ne valent rien
s’ils ne peuvent supprimer le malheur qui survient
au pauvre. Ce dogme, je le crois ardemment,
ne pourrait arrêter ce grand gémissement;
Je crois que mon prochain qui vit dans la misère
à besoin d'une aide et non pas de ma prière,
je crois que le berger avec tous ses moutons
vit un été brulant et sous la pluie, dit-on,
et que tous mes frères sous le joug gémissent,
que je n'y pourrais rien et c'est une injustice,
et que je ferais mieux de quitter dès demain
cet endroit paisible, éloigné des humains,
et dire en grand secret quelques mots clairs, rebelles
à ceux qui supportent les chaînes sous le ciel.
Cela dit, il sortit.

                                        Voilа déjа neuf ans
Qu’il vit errant toujours, déguisé très souvent,
sans maison, sans repos, bien des fois anonyme,
et le cœur grandissant pour la croix sublime,
rendant le grand esprit, la claire idée ailée
à son pays asservi, aux esclaves aveuglés.
Ses discours brefs, simples - qu'il faisait entendre -
remplissaient leurs âmes d'un espoir doux et tendre.
Il parlait du combat toujours avec aisance
telle une fête proche et grande réjouissance
dont on ne connaissait ni la date, ni l'heure;
il demandait à ceux qui avaient un grand cœur
de prendre part active à la sainte affaire;
celui qui l'écoutait l'estimait en vrai frère.
Il voyait clairement dans l'avenir obscur,
éprouvant pour son pays un amour toujours pur.
Il errait jour et nuit - enfant simple et jeune -
vivait comme un ermite et observait le jeûne.
Les forêts et les champs partout le connaissaient,
ses pieds avaient foulé tous les sentiers boisés
et le désert aussi reconnaissait sa voix,
la chaumière éloignée l'abritait chaque fois:
la porte devant lui s'ouvrait à tout heure.
Il dormait dans les champs sans éprouver de peur,
et cheminait pensif, recueilli, solitaire.
Au petit-jour - jeune, vers le soir - grand-père,
maintenant commerçant, puis mendiant loqueteux,
parfois même aveugle, ensuite bien boiteux;
aujourd'hui dans un hameau, demain dàns la cité,
il disait en secret la proche liberté,
il parlait de la mort, de la tombe aux braves,
disait qu'il était temps de faire agir l'esclave;
et bienheureux celui qui, le drapeau hissant,
se jette le premier faisant couler du sang;
qu'il faut du courage et de la résistance,
que la peur - c'est lâche, l'orgueil - la démence,
que nous devons être égaux dans la grande heure
et le peuple sentait son esprit de grandeur.

Des gens de tout âge et métier - hommes et femmes
venaient participer à cette cause avec flamme:
le pauvre - avec travail, le riche - avec richesse,
les filles avec aiguille, le sage avec sagesse -
et lui - privé de tout - avait plus grande envie
d'être utile au peuple jusqu'à donner sa vie!

Il était intrépide. Il avait l'esprit droit
à mourir maintes fois comme Crist en sa croix,
à bruler comme Hus pour la sainte justice
Ou bien comme Simon sous le couperet lisse.
La mort était pour lui son compagnon et frère
car sa manche cachait le poison - ami cher,
à sa taille pendait l'arme la plus fidèle
pour être terrible dans le cas le plus cruel.
Ne connaissant jamais ni repos, ni abri,
il était devenu une flamme et esprit.
Ses paroles exprimaient une âme très fière;
parfois plissait le front et devenait sévère -
on y lisait alors le courroux et le blâme,
tenacité de fer et une grandeur d'âme.

Il était vrai fantôme - un invisible ombre;
se montre à l'eglise, veille à la pénombre;
paraît et disparaît sans laisser nulle trace,
partout bien accueilli, et partout en disgrâce.
Un soir il entre dans une grande assemblée,
salue tranquillement et ose vite gifler
un lâche, lui montrant la porte fermement,
puis quitte la cité très courageusement.
Son nom était signe d'alarme, nuit et jour,
le pouvoir sévère veillait partout toujours,
assiégeait vingt villes par tous les vaux et monts
pour attraper enfin l'omniprésent démon.
Avec son air sombre il était plus estimé -
tous les paysans simples un vrai saint le nommaient,
et blottis en secret, écoutaient bienheureux,
toujours la bouche bée, les regards fiévreux,
ses paroles douces et révolutionnaires.
Et dans leur conscience tout devenait plus clair.
.............................................................
.............................................................
Et le grain magique tombait dans leur raison,
croissait rapidement pour la riche moisson.

Un jour il fut trahi par un pope vilain!

Ce ver sale et rampant, cet esclave malin,
cette offense pour Dieu, cette honte à l'Eglise
qui perdit le Diacre par noire traîtrise!
Cet homme sans pudeur, ce crétin au front bas,
pourquoi mis au monde on ne le saurait pas;
ce serviteur de Dieu qui l'avait bien trompé
et ce titre d'honneur qui avait usurpé,
dont la bouche pleine de haine et cruauté
proféra lâchement: "C'est lui, faut l'arrêter!"
à qui la main sainte au lieu de nous bénir -
sans peur de la foudre se leva pour trahir,
et dont le nom honteux je n'ose mentionner,
car j'aurais pu alors mon poème profaner,
qui d'une mère folle était mis au monde -
son pareil dans l'Enfer c'est Judas l’immonde,
qui jeta le peuple en grande tristesse alors!

Et cet homme est vivant parmi nous encore!

Enchaîné et sanglant, dans la prison jeté,
L'Apôtre était soumis aux grandes cruautés.
En vain. Ils ne pouvaient point amollir cette âme
de cet homme si fort. Aucun cri, aucun blâme,
nulle plainte ou prière, malgré les souffrances,
la tête haute, il subit les tourments immenses!
La mort était tout près, mais loin était la peur.
Nul mot de traîtrise pendant ces grands horreurs.
A toutes les questions - pénibles souffrances,
il répondait toujours avec un grand silence
et leur disait altier: "J’ suis Levski! Me-voilà!"
Et il ne mentionna nul mot que celui-là.

Mais pour tuer l'esprit le vil tyran alors
fit condamner Levski un froid matin à mort!

Tous les rois, la foule, les tyrans plus cruels
pour étouffer l'orgueil du grand cri vers le ciel,
la fière conscience, toute idée rayonnante,
la justice éternelle de plus en plus vivante,
ils ont tous inventé une hache très cruelle
pour abattre ce qui est toujours immortel:
à Prométhée - le roc - pour vivre en agonie,
le poison à Socrate, avec la calomnie,
les chaînes pour Colomb, le bûcher pour Hus triste,
la croix du Golgotha pour l'humble Jésus Christ -
c'est ainsi que la mort comme vilain devoir
devient dans l'avenir une auréole de gloire.

Et lui - il fut pendu.
                              O, gibet de grandeur!
Tu égales la croix, sa honte, sa splendeur!
Nous avons vu, hélas, les victimes chères
qui balancent sous toi, tout frémissant en l’air
et le doux vent du Sud les embrasse alors,
et le tyran joyeux se moque de leurs corps.
ô, le glorieux gibet! L'auréole éclairée
par la mort des héros - pour nous tu es sacré.
Tu es symbole affreux, signe de liberté
pour laquelle sous toi ces hommes sont tués
et le lion, le vaillant - la mort jusqu'à cette heure
sous toi, divin gibet, nous faisait grand honneur.
Car le lâche, l'espion et le salaud bien sage
dans ces jours très sombres, nommés "esclavage",
mourait tranquille au lit, loin des sons de clairon,
la conscience vendue, la honte noire au front;
et la mort sous ton corps, ô, gibet saint et fier,
fut gloire nouvelle et non pas honte amère,
et un sommet très haut, d'où l'esprit révolté
voit le chemin plus court vers l'immortalité!

 

 

© Ivan Vazov
© Parvan Cherkasky, traduit du bulgare
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© E-magazine LiterNet, 12.02.2015, № 2 (183)